À propos
Présentation générale
Les premiers membres fondateurs du Vérisme se sont rencontrés et ont lancé leurs premières réflexions aux alentours de 2014-2015. Le mouvement a vraiment commencé à prendre forme avec l’ouverture d’un groupe de discussion dédié en 2022-2023, puis avec l’ouverture du présent site en 2025.
Le Vérisme est un mouvement philosophique et social qui combine analyse, stratégie et organisation. Son analyse identifie la modernité comme la structure sociale responsable de la destruction de la planète. Sa stratégie consiste à se préparer collectivement à l’effondrement de manière à permettre à une société plus saine d’émerger par la suite. Son organisation implémente concrètement cette stratégie.
Qu’est-ce que le Vérisme ?
Le nom « Vérisme » renvoie à l’idée de vérité. Il est construit en hommage aux philosophes grecs (Socrate, Platon et Aristote) qui avaient nommé leur discipline « amour de la sagesse ». De la même manière, le Vérisme est l’amour de la vérité. Il s’agit également d’une référence à l’Empire Perse, leur contemporain, qui considérait que la Vérité (Asha) était la chose la plus haute et la plus noble qu’il soit, de la même manière que les Américains révèrent la liberté et d’autres l’égalité. Nous nous plaçons en continuateurs de ces deux tendances, qui en vérité n’en forment qu’une.
Nous avons choisi de ne pas reprendre le terme de « philosophie » pour lui substituer celui de « Vérisme » car il a été dévoyé. À notre époque, il désigne une discipline académique relativement oisive, qui consiste bien plus à poser des questions qu’à y répondre, à ouvrir des problèmes qu’à les résoudre, et à réinterpréter encore et encore les penseurs du passé. Une telle discipline est complètement neutralisée ; elle en devient incapable de saisir la moindre vérité. Elle est complètement dénuée de l’aspect profondément subversif de l’approche ancienne, qui a mené à la condamnation à mort de Socrate et à des risques similaires pour Platon et Aristote.
Le fait est que la philosophie n’a pas vocation à rester dans des tours d’ivoire, à se résumer à des échanges très professoraux sur la bonne interprétation de Nietzsche ou de Wittgenstein, comme c’est le cas actuellement. Elle doit être engagée. Comme le disait Karl Marx, la philosophie ne doit pas se contenter d’interpréter le monde, elle doit chercher à le transformer. Les trois grands philosophes classiques se sont tous les trois impliqués dans le devenir des sociétés : Socrate avec ses rapports complexes au Régime des Trente, Platon avec son implication dans la politique de Syracuse, et Aristote en tant que précepteur d’Alexandre le Grand. La raison en est que le philosophe n’est pas un observateur impartial mais un membre d’une collectivité humaine concrète, et de là découlent certaines obligations et certains devoirs.
Ce n’est pas quelque chose de trivial, c’est ce qui distingue la philosophie en tant que discipline vivante, telle qu’elle était pratiquée durant l’Antiquité, de sa version neutralisée et docile d’aujourd’hui, stérile et pompeuse. La société doit avoir des personnes qui ont le courage de faire « l’analyse concrète de la situation concrète » (Lénine) et qui assument leur responsabilité citoyenne de mettre en place les solutions auxquelles celle-ci a aboutie. Lorsque ceux qui sont chargés de le faire préfèrent tirer une rente de pseudo-analyses d’une pertinence très critiquable, c’est certes beaucoup plus confortable pour le pouvoir en place, mais la Cité en tant que tel en est considérablement appauvrie.
C’est pour cette raison que le Vérisme est à la fois une analyse, une stratégie et un mouvement. Il commence par comprendre le monde, puis établit un plan pour résoudre ses problèmes et cherche à l’appliquer concrètement.
La guerre de l'époque
La philosophie devant faire l’analyse concrète de la situation concrète, il nous faut commencer par identifier les principaux problèmes de l’époque.
Le plus urgent d’entre eux est la crise écologique, en raison de son aspect existentiel : elle menace la vie elle-même. Or, la protection de la vie est prioritaire sur tout le reste, puisqu’elle est le prérequis à tout le reste. Avant de se demander si nous voulons une société communiste ou capitaliste, il faut nous assurer d’avoir des personnes en vie qui puissent la composer. Toutes les aspirations humaines sont donc subordonnées à la préservation du vivant.
Cette conception n’a rien de particulièrement nouvelle et ingénieuse, mais il nous faut la répéter encore et encore car il n’est que trop facile de l’oublier. Nombre de nos contemporains n’ont aucun sens des priorités et s’engagent dans des combats très secondaires, négligeant le plus urgent d’entre eux. C’est le cas de virtuellement tous les partis politiques. Cela revient à jouer aux cartes sur un bateau qui est en train de couler.
En revanche, bien que l’écologie soit la question la plus urgente, elle n’est pas la plus profonde. La crise environnementale n’est pas sortie de nul part, elle a été produite par un certain développement des sociétés humaines qui avait ses propres raisons. Si l’on ne traite que les symptômes, et non la racine du problème, alors celui-ci sera condamné à réapparaître encore et encore. Si l’on coupe un arbre sans arracher ses racines, alors il repoussera. À l’analyse de l’urgence doit se coupler une réflexion en profondeur.
Celle-ci amène à la conclusion inexorable que la crise écologique est le produit du matérialisme, à « l’oubli de l’être » (Heidegger). Celui-ci a sa logique propre : lorsque l’on ne considère qu’il n’y a que la matière, que les « étants », alors le bonheur ne peut venir que de la satisfaction toujours plus grande des appétits. Le vieil adage comme quoi « il faut manger pour vivre et non vivre pour manger » devient incompréhensible, puisque « vivre » et « manger » finissent par se confondre. Les maîtres mots sont alors « économie » et « technique », il faut de la croissance et du progrès, pour arracher à la nature toujours plus de richesses.
Le problème est qu’il ne peut pas y avoir de croissance économique infinie dans un monde aux ressources finies. La logique interne du matérialisme, et donc de la modernité en général, ne peut conduire qu’à une impasse. Le projet des Lumières était mort-né dès le début, croulant sous le poids de ses propres contradictions.
Il est donc essentiel qu’il y ait un passage, à un niveau personnel comme collectif, de la vision du monde matérialiste qui prévaut actuellement à la vision spirituelle qui était celle de nos ancêtres. Une grande partie de nos recherches est dédiée à la conception traditionnelle du monde, qui était commune à tous les peuples, aussi bien l’Europe médiévale que la Chine impériale, les Indiens d’Inde que ceux d’Amérique, etc.
Que faire ?
La civilisation moderne se dirige vers un effondrement hautement prévisible, mais contre lequel rien ne peut être fait. Cela se traduit de manière concrète par la construction de bunkers très chers par les maîtres du monde, ce qui montre trois choses. Premièrement, ils ont parfaitement conscience du caractère intenable de la situation. Deuxièmement, ils n’ont aucune confiance en la capacité de la classe dirigeante mondiale (dont ils sont des membres éminents) à résoudre le problème. Troisièmement, ils cherchent uniquement à sauver leur propre peau et non pas à se rapprocher de la moindre solution collective.
Cependant, malgré l’aspect affreux de cette situation, elle représente également une opportunité. Ce n’est pas la première fois qu’une civilisation s’effondre. C’était déjà arrivé à Rome, à l’Égypte, aux Mayas, etc. À chaque fois, quelque chose d’autre est venu remplacer la civilisation disparue. Dans le cas de Rome, ce sont les monastères chrétiens, qui avaient préservé la littérature antique, qui fournirent le socle d’une nouvelle civilisation : la Chrétienté, le Moyen Âge. En prenant aujourd'hui un rôle similaire à celui des monastères, nous pourrons reconstruire la civilisation dans les meilleures conditions possibles, et ainsi, bâtir une nouvelle société, libérée des tares de celle-ci.
Non seulement un tel projet est susceptible de sauver d’innombrables vies lorsque surviendra l’inévitable catastrophe, tous ceux qui y auront participés (ou leurs descendants) seront reconnus comme les sauveurs de l’humanité. Leur clairvoyance et leur œuvre héroïque seront honorées par tous, et ils auront des places importantes dans la société et la politique.
C’est bien la moindre des choses, parce que la quantité de travail concret que cela représente est considérable et qu’aucun pouvoir public ne semble vouloir s’y atteler. Il faut recruter et former des cadres, créer des lieux résilients susceptible de servir d’arches de Noé pendant l’effondrement, rechercher des technologies douces susceptibles de remplacer celles (trop destructrices) de l’époque moderne, etc.
Ce sont là nos objectifs. Former des cadres. Lever des fonds. Construire des villages néo-médiévaux. Faire des recherches et de l’archivage.