Vérisme

Medieval intersex in theory, practice, and representation (Compte-rendu)

05/02/2025. Compte-rendu d'un article de Karl Whittington, publié en 2018.

Cet article est un résumé de cinq livres qui ont l'air plus intéressants que l'article en lui-même, dont le ton et les commentaires présentent un certain amateurisme qui poussent à dire qu'il ne mérite pas son prix élevé de 30€. Cela reste intéressant de l'avoir sous le coude parce qu'il ouvre des pistes à creuser, mais ça reste léger.

On peut tout de même en tirer quelques données intéressantes.

1. Des archives de plusieurs procès de l'Inquisition pour sodomie indiquent qu'un homosexuel passif qui recherchait activement des partenaires les a "piégés" en disant être "hermaphrodite", c'est-à-dire intersexe. Cela sous-entend que le sexe entre un homme et un intersexe n'était pas condamné, ou en tout cas pas au même niveau que celui entre hommes. Pour paraphraser le texte : "T'inquiètes, tu peux me baiser, je suis hermaphrodite." Cela montre également que cette règle pouvait être "abuséé" par certains pour donner un vernis de légalité à l'homosexualité, pourtant interdite.

2. Il est dit que beaucoup de personnages historiques qui sont aujourd'hui considérés comme "trans" par les historiens étaient sans doute intersexes. Nul doute qu'il y a là une large part de vérité : les sociétés traditionnelles semblent bien plus ouvertes vis-à-vis de l'intersexualité que ne l'est le monde moderne, mais l'idée que la psychologie et le rôle social puissent être complètement décorrélés du corps aurait été contraire à trop d'éléments essentiels de leurs croyances. Encore aujourd'hui, on peut se demander quelle est la part d'intersexes parmi les personnes transgenres, en particulier celles que Blachard appelle "trans homosexuelles".

3. Les intersexes étaient considérés comme des "eunuques naturels" en Chine et pouvaient rejoindre l'administration impériale, par exemple. Ils posaient problème dans les monastères puisque leur féminité pouvait pousser les autres moins au péché. Tout cela correspond bien aux données que l'on a pour l'Occident, où l'expression "eunuques naturels" était utilisé durant l'Antiquité pour désigner certains intersexes, comme Favorinus d'Arles. (Expression employée dans la Bible en Matthieu 19:12.) Nous avions également lu quelque chose de cet ordre sur les eunuques dans les monastères en Occident, qu'ils soient "naturels" ou "artificiels", mais nous avons oublié où.

4. Finalement, il est dit que ce qui dérangeait surtout au Moyen Âge, c'est la confusion entre les genres. Un intersexe qui s'en tiendrait à un rôle féminin (ou masculin) était toléré, mais une personne qui changeait entre les deux ne l'était pas. Cela rappelle la législation iranienne contemporaine, où le changement de sexe est autorisé mais pas l'homosexualité.

5. L'article mentionne aussi la théorie des sept cellules de l'utérus et une autre comme quoi les homosexuels passifs auraient un anus plus sensible, d'où leur goût pour la pénétration. Nous avons d'autres ressources plus précises sur la théorie des sept cellules, qui était populaire au Moyen Âge car elle vient de Galien, et considère le sexe biologique comme un quasi spectre ; nous ne nous attarderons donc pas sur elle ici. L'idée de la sensibilité de l'anus est en revanche nouvelle pour nous, sans doute car elle était relativement rare à l'époque ; il semble qu'elle ait plus relevé de l'hypothèse médicale que d'une opinion réellement répandue parmi les spécialistes.